Chapeau
Si le philosophe et instructeur en méditation Fabrice Midal connaît le succès que l'on sait (son dernier livre, Foutez-vous la paix, s'est déjà vendu à 90 000 exemplaires), c'est que l'enseignement qu'il délivre et les ouvrages qu'il écrit répondent à des besoins basiques, réels, profonds et urgents de notre temps.
Citation presse
Coulisses
Patrice van Eersel : Ce coffret, qui invite à « habiter son corps », vous a-t-il été commandé par un éditeur ou y avez-vous pensé vous-même ? Fabrice Midal : Oh, c'est l'un de mes très vieux projets ! Je constate depuis longtemps que nombre de nos souffrances et difficultés, nos sentiments d'aliénation et de stress, viennent de la distance que nous avons avec notre propre corps. Nous éprouvons de la difficulté à simplement l'habiter. Et je trouve vraiment important d'aider de manière concrète chacun à pouvoir se mettre à écouter son corps. Patrice van Eersel : Est-ce là, au fond, le but de la méditation ? Fabrice Midal : Il y a deux points. La méditation est aujourd'hui comprise comme un exercice de pleine conscience, lié d'abord à l'esprit, et on a oublié une chose absolument centrale, c'est que la méditation nous rend d'abord la capacité de « toucher la présence » avec notre corps. C'est un malentendu ; les gens ont l'impression que c'est une activité désincarnée. Il était donc crucial pour moi de donner une approche beaucoup plus directe de la pratique. Parce que c'est très compliqué de méditer si l'on oublie que c'est d'abord une expérience de présence corporelle.
Entre nous
Après, je me suis rendu compte que lorsque l'on parle de pratique corporelle, les gens s'imaginent qu'il s'agit de « faire quelque chose » avec son corps, mais on peut faire quelque chose - par exemple du jogging avec un casque sur les oreilles - en restant dans un rapport purement instrumental avec son corps. Ce n'est pas cela, habiter son corps, l'écouter, le retrouver, s'incarner davantage, faire confiance à ses sensations. Voilà donc le champ que je voulais retrouver. Je crois que c'est crucial. On cherche beaucoup trop midi à quatorze heures pour donner un nouveau souffle à sa vie, alors que la réponse est simple, elle réside dans le pouvoir de retrouver son corps. Patrice van Eersel : Et le coauteur de ce coffret audio, Clément Cornet, est-ce une connaissance de longue date ? Fabrice Midal : Clément est le président de l'Ecole occidentale de méditation que j'ai fondée. Il finit ses études de kiné et étudie les arts martiaux chinois depuis plus de vingt ans. Sa connaissance du corps est très complémentaire de la mienne. Elle est très « interne » et subtile, via la Chine, et en même temps c'est un thérapeute, rationnel, scientifique, exigeant. J'ai trouvé qu'il était indispensable, pour proposer un voyage complet, d'ajouter à mon approche celle de quelqu'un qui, en plus de la méditation, avait cette connaissance précise. Je n'aurais pas pu faire ce coffret tout seul. Nos méditations sont complémentaires. Lui se trouve en rapport quotidien avec des gens qui souffrent et c'est un masseur hors pair. J'ai donc pensé que son apport se combinait bien avec le mien.